XEVNNIZH
MEIN MOND IST GEGANGEN (Album)
2010, Auto-Production


1. Prélude au Grand Départ
2. La Dystopie d'Icare
3. Tlaelkuarni
4. Chromatique
5. Du Minimalisme Vital
6. Kabat
7. Mausolée
8. Électrocardiographie
9. Démence Cosmique
10. L'Insupportable
11. Onze
12. Chronophage
13. Vajra
14. Translucent Phantasma
15. Santé Mentale
16. La Plainte
17. Rien de Plus Que la Haine


Razort : 14/20
Xevnnizh (à vos souhaits), est un projet solo parmi tant d'autres de ce sous genre de musique ténébreuse qu'on qualifie de "Dark Ambient". Si vous étiez habitués cependant aux vibrations continues, grésillantes, et psychédéliques de grands noms comme Vinterriket, Uruk-Hai ou Moëvöt, il ne s'agit ici de rien de semblable. Dans le passé de la discographie, peut-être. Mais pour ce nouvel album, tout est plus abouti, travaillé, lourd et long (plus de 50 minutes au total), ce qui change grandement. En un mot : expérimental. Penchez vous dessus pour constater par vous même (auditeurs avertis), c'est gratuit !

C'est un album pour le moins étrange, et qui commence par un prélude qu'on pourrait qualifier... d'inquiétant. Des sons mécaniques, d'un autre monde, qui sonnent et qui claquent comme dans un système complexe, peut-être celui du temps (d'une horloge rouillée et qui serait animée par on ne sait quelle force burtonienne), ou celui du corps... C'est précisément cette impression que l'on peut avoir : nous voici dans un corps, celui du créateur. Crissements métalliques, battements de cœur bourré au lithium, des ondes qui circulent et résonnent un peu partout contre les os de marbre... Une composition innovante dans ce que je connaissais personnellement de la musique de Xevnnizh.

La majeure partie des pistes suivantes nous sortent du corps pour nous transporter dans le lieu, par un zoom arrière à la façon de Gaspard Noé (visualisation toujours personnelle je le rappelle). Instruments réels, riffs décousus de batterie et de guitare discrète (et désaccordée ?), enfermés dans une pièce qu'on ne peut que trop percevoir par un enregistrement malheureusement trop médiocre, étouffé. Comme si notre vue s'était posée sur une étagère, captait chaque son provenant de l'ordinateur qui nous dévoile de nombreux passages de films tels que "Martyr" (et j'en passe des meilleurs !), un moyen efficace de créer une ambiance sombre et malsaine. Pour ma part, j'ai une petite préférence pour ces nombreux passages posés, calmes, qui nous plongent dans une apathie totale et puissante (le meilleur exemple serait "L'Insupportable" et ses sons métalliques poussés au plus grave possible, profonde piste pour sa noirceur et sa longueur - 6.13 minutes, la plus longue de l'opus).

Les autres passages sont tous déroutants, ennuyeux, étranges, étonnants, intéressants... Variés en résumé. On entre successivement dans un univers matériel et un second immatériel ; dans le monde des instruments immortalisés de façon presque puriste sur le magnétophone PlaySchool (comment ça je joue sur des stéréotypes du BM norvégien ?) - djembé, batterie, compas, poulet rôtis... bref, je m'écarte, mais tout semble y passer -, puis dans le monde très personnel de l'esprit de Sagamore. Travaux écourtés, basés sur les messages subliminaux, la torture, les défaillances mentales, et autres douceurs de la nature humaine...

On peut retenir parmi eux "Kabat", "Mausolée" (choix personnel encore une fois pour les résonances profondes et inquiétantes qui nous transportent dans un lieu aussi vide que le cosmos lui-même), ou encore "Électrocardiographie", qui serait digne d'une rétrospective filmographique sur la souffrance physique (existeraient-elles vraiment ?). Note sur la fin de cette dernière : une étrange mélodie sereine, douce, presque lumineuse oserais-je dire, qui se dégage sur la fin, nous fait peu à peu monter vers l'extase avant de... couper violemment. Aucun répit malheureusement - ou heureusement, chacun sa névrose après tout. On retrouve un certain coté découvert sur le titre "Stridence" (que vous pouvez entendre sur le split "Blackbud") : glauque, pâteux, poisseux, étrange.

Après le fameux "Insupportable" - dont j'ai traité plus haut -, les titres deviennent plus lassants, trop centrés sur les parties de batterie et les bidouillages en tout genre. Ce Dark Ambient pourrait presque être qualifié ici de "Dark Drum". Le temps passe de façon très lente, une bonne façon de retranscrire un quotidien bouffé par un spleen des plus... gris (depuis quand le spleen est noir selon vous ?) On retiendra donc beaucoup de nouveautés de création, de nombreux titres (tous en français contrairement au nom de l'album en allemand), des compositions complexes mais qui peuvent à la longue devenir très ennuyeuses, agaçantes par leur répétition et leur qualité sonore. Chacun se fait son avis : on aime ou on aime pas.


2010-12-02 00:00:00