HeadCrush : 16/20 | Nephren-Ka nous propose avec ce Revenge and Supremacy 6 titres pour un peu plus de 26 minutes de musique plus intelligente que brutale, leur Metal va surprendre plus d’un auditeur à la condition expresse que celui-ci ouvre aussi grand ses oreilles que sa gueule à l’heure de l’apéro.
Avec cette première publication, ils avaient beaucoup à prouver. Si certains d’entre vous s’attendent à ce que je fasse la liste des influences plus ou moins palpables qu’ils arrêtent leur lecture à ce stade. Les influences m’importent moins que ce qu’ils en ont fait et ce qu’ils en ont fait leur confèrent un truc assez rare : une identité propre.
Ce MCD va sans doute attirer une frange de Fans qui si ils auront pour point commun le coté Death se recouperont ensuite en fonction de l’adjectif qu’ils mettront devant ce Death car entre nous, il y a de tout avec ces 6 titres, du Brutal, du Progressif, du Mélodique en fait il y a au delà de tous ces qualificatifs une vision, un projet, une musique aboutie.
Une mention spéciale pour le son : bien qu’auto-produit avec les moyens et outils du bord, on prend une claque, en fait non, on prend un pain dans la gueule. La batterie a été enregistrée à part, et ils ont bien fait car le talent et le jeu du batteur font que ce disque plane très haut.
Le reste est bon, guitares, voix, et encore une différence, la basse et son bassiste, son jeu en doublon de certaines parties de batteries à la limite de l’effet de résonnance* donnent une épaisseur aux titre proprement inédite à ce stade d’inexpérience.
Fin de l’intro, tout est là alors, j’ouvre le feu.
Avec si peu de titres, il faut aller à l'essentiel ce que fait Lord of Treason qui s'avère être un déchainement de fureur de bout en bout/ Les Nephren-Ka se revendiquant d'obédience Brutal Death, ce titre à tout de la carte de visite. Dès la première note le chant de Laurent nous explose les tympans sur fond de rythmique assez classique, chant grave avec son lot de growls mais c’est aussi derrière que cela se passe, les musiciens sont de tout premier ordre et cela fait toute la différence.
Les rythmiques sont exécutées de main de maître et d’emblée, un instrument s’élève, il va d’ailleurs planer plus haut que les autres sur tout le MCD : la batterie. Si cela ne tenait qu'au son, je ne la mettrais pas en avant mais le batteur est, en un mot comme en cent, excellent.
Ce groupe va s'avérer être bien plus complexe que ne laisserait imaginer un survol des quelques titres en écoute libre. Alors le second titre semble reprendre la suite du premier, il n’en est rien. Véritable « mille feuilles », les breaks multiples que l’échappé de l’asile local martèle sur ses tambour de guerre, ceux des guitares à la limite mélodiques créent une première cassure, la furie reprend le dessus et un second break de guitare repart dans une autre direction. Le soli loin du sempiternel « aller-retour à 180 à la noire » sort définitivement des sentiers battus, bien que technique il démontre une envie de pousser les choses plus loin.
Ce titre met en place le Nephren-Ka complexe, subtil et bien moins bourrin qu’il n’y paraît à première vue.
Alors que nous atteignons l'exact milieu de ce MCD, l'aspect complexe et technique de leur musique va monter d'un cran avec Centerpiece of the Universe. Les guitares sont à l'honneur, leur jeu s’entremêlant avec le chant grave / hurlé du chanteur. Il faudra plusieurs écoutes pour vraiment capter l'essence d'un tel titre, l'empilage des instruments se découvre peu à peu, tout comme les différentes couches chant/ basse / batterie écoutez la, cette basse qui fusionne avec la batterie venant alourdir le son alors que les guitares deviennent légères, tranchantes. Ce titre est plus que le centre de cet album, il en est le pivot.
Une transition, sorte de prélude bruitiste va nous emmener vers l’autre morceau de bravoure de ce MCD.
Après un titre aussi complexe, je pense que le groupe à du vouloir revenir à quelque chose de plus direct, de moins... cérébral. Avec leur quatrième titre, nous sommes de retour dans un univers Black / Death Metal pur jus. Montées épiques, cris, growls solis de guitare aussi courts qu’efficaces, batterie rouleau compresseur.
Pourtant là encore, comme si au fond ils ne pouvaient pas ne pas être différents, au milieu de ce maelström, c’est la mélodie qui tout au long de ce titre faire la différence, une trame mélodique zébrée par des éclairs de guitare (sweepings secs et fulgurants), breaks et chœurs soutenus. Sans doute le titre le plus technique, monstrueux d’efficacité.
Un peu à la façon d'une montagne russe, les Sorciers Noirs (traduction de Nephren-Ka) accélèrent alors que l'on pensait que le tour était fini, Gom Jabber’s Trial va s'avérer être le titre le plus exigeant complexe et technique. Le jeu proprement inhumain du batteur fait encore la différence ce mec vient d’une autre planète, comme le bassiste qui sur ce titre aux nombreux breaks / accélérations laisse éclater son talent au grand jour.
Gom… est un morceau de bravoure, je rêve de les voir chanter ce titre sur scène, parce qu’à n’en pas douter si les autres titres tiendront le cap celui-ci ne laissera personne s’en sortir indemne.
Afin de boucler la boucle, je pense qu'ils ont du se dire que cela devait être intense. Si il en est parmi vous lecteurs, qui ne savent pas ce qu’est le Brutal Death ce dernier titre titre ( Revenge and Supremacy) apporte une réponse claire.
Si vous deviez n’en écouter qu’un, c’est celui là qu’il vous faut putain quel talent.
Que ce soit le chant, les chœurs, leur immense batteur les deux gratteux ou encore, le bassiste tous sont au service de ce dernier titre, ils le poussent vers des sommets une tuerie totale, un des trucs les plus efficaces que j’ai entendu depuis…trop longtemps.
Ce MCD ne recèle de mon point de vue, aucune faille, même son artwork est ultra léché du coup, il fait mal, très mal.
Respect.
HeadCrush
* Pour faire simple, l’effet de résonnance consiste un peu comme pour à un compresseur, à doubler certaines fréquences en les superposant, d’ou une puissance et une épaisseur accrue.
Si vous voulez en savoir plus sur les textes, Nephren-Ka s’est exprimé sur le sujet dans l’interview qu’il m’ont accordé. 2010-09-02 00:00:00
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