BLACK COUNTRY COMMUNION
BLACK COUNTRY COMMUNION (Album)
2010, Mascot Records




ZazPanzer
« Va-z-y, c’est la mort ce bahut, encore un nouveau cours, comme si on n’avait pas déjà assez de boulot… «Classic Rock» en plus, comme si quelqu’un en avait encore quelque chose à péter ! Ouahhh les boufffonns ! Pourquoi pas «Rock Sudiste» tant qu’on y est ?? !!

- En plus, le prof, c’est un stagiaire, et il a une gueule de con, Panzer là, ou un truc comme ça…

- Lol ! mdr ! Le nom de pédé ! Va-z-y, on va lui pourrir son cours à ce gros naze !

- Bonjour ! Asseyez-vous et ayez la politesse d’enlever vos MP3, dans ce cours, nous n’écouterons que des vinyles sur une vraie chaîne hi-fi. Le p’tit rigolo avec un T-shirt «The Monolith Deathcult», encore une remarque et c’est la salle des punis. Ça tombe bien, c’est M. BEERGRINDER, le professeur de Death Brutal, qui en assure la permanence aujourd’hui.

- … (gloups)

- Bien, reprenons… Aujourd’hui, exceptionnellement, avant de nous plonger dans le merveilleux univers des années ’70 et ’80, nous étudierons une sortie récente, le groupe Black Country Communion, qui vient de nous livrer son premier effort, un album éponyme. Qualifié de super-groupe par les médias, cette formation a en effet pour line-up des musiciens légendaires : Glenn Hughes, Joe Bonamassa, Derek Sherinian et Jason Bonham. Je suppose, jeune gens, que vous avez tous en tête leurs parcours. Qui peut m’en dire plus sur Glenn Hughes ?

- Moi, m’sieur Taser ! Il a joué dans les Misfits !

- Bryan, c’est bien ça ? Tu confonds avec Glenn Danzig, jeune homme ! Ta maman a cousu sur ta veste un joli patch Black Sabbath en oubliant de te préciser que Glenn Hughes en a été le chanteur ! Sa carrière est peut-être la plus riche de l’histoire du Rock. Anglais, originaire de la partie industrielle des Midlands que l’on appelle Black Country, du côté de Birmingham, ce chanteur exceptionnel, également bassiste, a commencé sa carrière avec Trapeze dans lequel il côtoyait Mel Galley (RIP – Whitesnake) et Dave Holland (Judas Priest). Il a ensuite été engagé par Deep Purple, époque où sa carrière a décollé avec les albums mythiques du Mark III, Burn et Stormbringer. Je ne vais pas vous détailler sa discographie aujourd’hui, elle fera l’objet d’un cours ultérieurement, mais essayez de retenir qu’il a notamment enregistré un album culte avec Gary Moore, et qu’il a travaillé avec, entre autres, Don Dokken, George Lynch, John Norum, Geoff Downes ou Jeff Scott Soto… La liste est longue comme le bras… Qui a dit «on s’en fout !» ? Sachez que pour bien comprendre la musique actuelle, il est impératif d’en connaître les origines !

- Moi, m’sieur Blazer, je sais que Sherinian a été claviériste chez Dream Theater, Alice Cooper et Malmsteen ! Et je crois que Joe Bonamassa est un jeune guitariste prodige, officiant dans un style Blues Rock proche de Robben Ford. Il est très connu aux États-Unis depuis longtemps, il avait même ouvert pour BB King alors qu’il n’avait que 11 ans !

- Sale fayot ! T’es mort à la sortie !

- C’est tout à fait exact, Antoine. Très sympa ta chemise Bon Jovi, d’ailleurs! Quant au batteur Jason Bonham, fils de Dieu-le-père, il a également une carrière bien remplie et a dernièrement joué avec Foreigner et UFO.

- M’sieur Danseur, c’est quand qu'on parle de BCC ?

- Remarque judicieuse, Enzo. C’est le problème des profs stagiaires, ils ont tendance à se perdre dans leur plan de cours… Venons en donc à la musique. Vous le savez tous après avoir écouté Chickenfoot, ce n’est pas forcément en réunissant des pointures qu’on fait un grand album. Une chose est sûre, Glenn Hughes avait une grosse envie de refaire du Rock, genre qu’il avait un peu mis de côté depuis 2003, et rien que pour ça, ce disque est un évènement pour ses fans.

- Pourquoi, il fait quoi, Glenn, sinon ?

- Plusieurs de ses albums, bien que gardant toujours une approche Rock, sont très orientés Funk, voire Soul, Théophile. Je peux t’en conseiller certains après le cours si ça t’intéresse. En tous cas, on peut dire que le BCC tient en partie ses promesses. La production est un cas d’école pour le Classic Rock contemporain. Le son est moderne et on se croirait malgré ça revenu sur un bon vieux Purple des ‘70’s. Les instruments sonnent, notamment la basse, énorme, percutante, qui porte l’album à bout de bras sur tous les morceaux. La section rythmique est mise en avant, accentuant le côté live de l’enregistrement, et reléguant la guitare au second plan, rythmiquement parlant. Celle-ci intervient tout en finesse, apportant mélodie et accentuations aux rythmiques plombées de Glenn, avant de partir dans des solos très inspirés et inimitables, le style de Bonamassa fusionnant les gammes propres au blues avec une exécution souvent rapide, plus typée Metal, et surtout une patte difficile à décrire, mais propres aux guitaristes affectionnant plus les improvisations permanentes que les solos «construits».

- Hey ! M’sieur Brasseur, c’est pas Kevin Shirley le producteur ? Le gars qui massacre les albums de Maiden ?

- Tout à fait, Mathis. Tu noteras que c’est ce même Kevin Shirley qui produit de manière remarquable les albums de Blues Rock de Bonamassa, et qu’il travaille également avec Rush ou Dream Theater. Sachant que les albums de la Vierge sont co-produits par Steve Harris, on s’interrogera donc sur l’obstination de ce dernier à vouloir mettre son nez dans la production depuis 17 ans, malgré des résultats peu probants…

- M’sieur Balbeurre, …

-Panzer, Bryan, Panzer

- Ouais, c’est pareil. M’sieur, vous trouvez pas que le clavier est parfois sous mixé dans le BCC ?

- C’est un ressenti personnel, Bryan, mais j’avoue que cela m’a vraiment choqué aussi sur certains morceaux, notamment «Too Late For The Sun», dont la structure semble être un prétexte pour jammer, et sur laquelle on tend pourtant l’oreille pour entendre les solos de Derek. Vraiment étrange ! Si on veut se la jouer Jon Lord, autant assumer, et y aller franco. Sur ce disque, l’orgue est effectivement mis en sourdine, ce qui ne pose pas de problème sur les rythmiques, mais paraît décalé sur les interventions solos. Enfin, ne gâchons pas notre plaisir et continuons l’analyse de ce disque. Quelqu’un considère-t-il cet opus comme un chef d’œuvre ?

- Ce serait exagéré d’utiliser un tel qualificatif, m’sieur !

- Bonne réponse, Tom. Si effectivement ce disque est très bon, et a pour mérite premier de nous replonger dans l’ambiance des grands classiques du genre, on le rangera plus dans la série des disques composés (trop ?) rapidement, n’ayant d’autre but que de nous faire passer un bon moment. De plus, la communion entre les musiciens est certainement flagrante en live, mais on remarquera aisément que ce disque n’est pas l’œuvre d’un groupe : beaucoup de morceaux sont typiques des albums de Glenn (One Last Soul, Beggarman, No Time), certains auraient pu atterrir sur les albums de Joe (Revolution In Me), et d’autres sont plus qu’influencés par les groupes mythiques des '70s (l’exemple le plus flagrant est le magnifique Songs Of Yesterday, qui sonne comme du pur Free, voix de Paul Rodgers incluse). Etant donnés les emplois du temps de ministre de ces quatre stars, on comprend qu’ils aient eu du mal à trouver du temps pour répéter et écrire des morceaux ensemble, mais le résultat, il faut l’avouer, sonne quand même comme un (très bon) album solo de Glenn Hughes, avec Bonamassa en guest-star…

- Au fait, m’sieur Pancake !

- PANZER bordel ! MONSIEUR PANZER ! C’est clair maintenant ?

- Faut pas s’énerver, m’sieur, z-y-va, respire ! Bon, m’sieur, c’est vrai qu’il y a une reprise sur cet album ?

- Oui, Clément, il y a bien une reprise, Medusa, écrite par Glenn en 1970, pour le groupe Trapeze. Et cette chanson a une histoire… Bonzo, père de Jason, batteur mythique de Led Zep, et surtout pote de Glenn, adorait ce morceau. Ils jammaient souvent ensemble et s’éclataient sur Medusa. Glenn a donc proposé à son fils de réenregistrer ce titre 40 ans après… C’est pas beau ça ? Et pour immortaliser cet hommage, Joe l’a enregistré avec la guitare de Mel Galley… Emotion garantie…

- Et sinon, le morceau «Sista Jane», m’sieur, il est pas pompé sur un autre truc par hasard ?

- Axel ! Je me doutais que tes parents t’avaient élevé au Sleaze Rock ! Belle permanente ! Tu dois faire allusion au morceau «Blackout In The Red Room» de Love-Hate, qui commence effectivement par le même enchainement d’accords. Mais il est peu probable que Glenn ait copié ce morceau relativement obscur, et il serait dommage de le bouder à cause de ce plagiat, car le duo vocal Glenn + Joe y est extraordinaire, et c’est aussi l’un des plus énergiques de l’album.

- Bon m’sieur Panzer, on en fait quoi finalement de ce disque ?

- Eh bien, jeunes gens, vous l’écoutez bien fort, vous en profitez pleinement sans vous prendre la tête, vous faites chier vos voisins avec, c’est dans cet esprit qu’il a été conçu. Vous vous occupez également de ressortir les pattes d’eph’, les sandalettes à fleurs, les sous-pulls marron et les barbes hirsutes, car dès la semaine prochaine, nous travaillerons sur «In Rock» ! Ah, ça sonne, je vous souhaite à tous une bonne semaine !

- Pffff !!! Trop Galèèèrree le vieux Buzzer !!

- Je t’emmerde Clément.»

2010-11-21 00:00:00