FLESHROT
TRAUMATIC RECONFIGURATION (Album)
2010, Deepsend Records


1. From the Abyss 04:06
2. Essence of Decay 04:54
3. Purging Impurity 03:45
4. Dispossessed 03:26
5. Expanding the Void 04:34
6. Venatic Perversion 04:01
7. Traumatic Reconfiguration 03:56
8. Inherent Perdition 03:37
9. Oblivion 04:35

Total playing time 36:54


eulmatt : 15/20
Vingt ans après l'éclosion de sa génération dorée, force est de constater que le death metal british n'a jamais retrouvé son rang historique en Europe, faute d'un vivier suffisamment talentueux pour exister face aux Polonais, Bataves et autres Scandinaves, pour ne citer qu'eux.
Les spécialistes de l'underground brutal death sont sans doute capables de nous égrener quelques noms de combos anglais au fort potentiel, mais même parmi ces experts je ne suis pas certain que Fleshrot eût été cité avant sa signature chez Deepsend. On ne sait pas grand chose de ce groupe, au parcours visiblement chaotique avant de voir le bout du tunnel grâce au label américain, qui n'a pas hésité à miser un penny sur eux.

Le quintet se voit ainsi offrir les services des studios Philia, avec Nick Hemingway aux manettes (notamment producteur du dernier album des Gallois de Desecration), pour bénéficier en retour d'un son absolument monstrueux et d'un mix très équilibré. Bref, Fleshrot a les cartes en mains pour mettre en place sereinement son brutal death et exploiter au maximum son potentiel.

Alors certes, à puissance de feu équivalente beaucoup de groupes du genre feraient bonne figure lors d'une première écoute, mais très rapidement on se laisse griser pour de bon par l'impact et la force de Traumatic Reconfiguration.
Fleshrot nous sert un BDM plutôt conventionnel, une sorte de Cannibal Corpse-like survitaminé, organique, compact et destructeur. Le groupe ne tombe pas dans les grands travers ni excès propres au genre: leur technique irréprochable est utilisée à bon escient sans démonstration inutile, le growl est profond et précis, la batterie généreuse alternant judicieusement les techniques de matraquage sans temps morts, et les compositions équilibrées sont assez lisibles, s'appuyant sur des riffs travaillés mais directs, toujours mis à disposition de l'efficacité maximale.
Bref, Fleshrot accroche immédiatement l'amateur du genre, qui voit défiler les 9 morceaux avec un plaisir égal, surtout pour celui qui est particulièrement sensible au death metal respectueux des fondamentaux éternels du genre.
Je pense notamment à l'ambiance du disque, cet univers violent un peu vicieux, qui sent les viscères et qui respire une saine colère de psychopathe (même si les paroles de qualité traitent d'un horizon bien plus large et varié, pas forcément gore)...chacun trouvera ainsi son petit plaisir. Pour ma part j'avoue un énorme faible pour Dispossessed, particulièrement varié dans sa manière de charcuter dans le lard avec toutes les techniques disponibles sur le marché de l'équarrissage...

Ceci dit, un disque trop vite immersif peut parfois mal vieillir au bout de quelques temps. Sur le papier le cas de Fleshrot ne devrait pas faire figure d'exception, d'autant plus qu'au delà de cette qualité d'exécution et de composition, les Britanniques restent dans un registre ultra conventionnel. Il ne suffit pas d'éviter les pièges du genre pour pondre le disque de la décennie. Verdict: l'intérêt de Traumatic Reconfiguration ne se dissout pas au fil des écoutes, signe d'une qualité au dessus de la moyenne qui prévaut avant tout par sa redoutable efficacité, même si effectivement, on n'est pas en face de l'album de la décennie.
Alors bien sûr, un détracteur mal attentionné pourrait tout aussi bien réutiliser tout mon argumentaire pour démonter point par point toutes les qualités supposées du disque: Fleshrot ne révolutionne pas un genre déjà bien exploré de fond en comble, il ne fait preuve d'aucune innovation particulière et ne s'adresse à personne d'autre qu'aux amateurs avertis de brutal death; il serait même presque trop « aéré » et produit pour satisfaire les plus ardents défenseurs du BDM suffocant et ultime qui tend vers le slam death (du genre de leur compatriote Ingested), et trop sobre pour les acharnés du technico-brutal death le plus sophistiqué. Oui, on peut tout argumenter. Mais la population de deathsters qui se retrouve dans le mien, d'argumentaire, ne devrait qu'adhérer à cet effort des Anglais, un brutal death moderne et intense de qualité, assumant en outre une filiation avec le death US organique et ciselé à la Cannibal.
Bref, Fleshrot s'installe déjà comme un solide acteur européen du genre, et confirme qu'il semble bien se passer quelque chose de l'autre côté de la Manche.

2010-10-24 00:00:00