RATT
INFESTATION (Album)
2010, Roadrunner Records / Loud And Proud Records




adrien86fr
11 ans ! 11 longues années que Ratt, fer de lance du mouvement hair metal dans les années 80 ne nous avait pas gratifié d’une nouvelle galette. Il faut dire que depuis l’éponyme et très moyen « Ratt » de 1999, le groupe avait dû faire face à de sérieuses mutations, notamment le décès du guitariste Robbin Crosby (R.I.P.) des suites du Sida et le départ du vocaliste Stephen Pearcy qui avait été à l’occasion remplacé par Jizzy Pearl (ex Love/Hate, L.A. Guns). Outre le retour du grand Pearcy derrière le microphone, notons l’arrivée de Carlos Cavazo (ex Quiet Riot) au poste de second guitariste en lieu et place du regretté Robbin Crosby. « Infestation » sort donc le 20 avril 2010 sur Roadrunner Records pour le plus grand plaisir des fans et nostalgiques d’une époque où musique commerciale ne rimait pas forcémment avec mauvaise qualité...

A peine le premier morceau « Eat Me Up Alive » entamé, on remarque de suite que Ratt n’a rien perdu de son énergie et de son efficacité qui constituent d’ailleurs la marque de fabrique du groupe depuis « Out of the Cellar » paru 26 ans plus tôt. Avec cet « Infestation », on a semble t-il affaire à du hard rock de bonne facture et très bien produit. Là où ses précédents albums manquaient justement de puissance à cause d’une production trop lisse à l’image de « Ratt », cet opus décuple le potentiel de ses titres en leur offrant le son qu’ils méritent, label Roadrunner Records aidant. Les titres plus catchy les uns que les autres défilent et l’on ne peut que constater que Ratt est bel et bien de retour en 2010 et que sa reformation ponctuée par la sortie de ce nouvel album n’est pas qu’une affaire de gros sous. Même si le tempo général s’avère être élevé à l’image des très bons « Eat Me Up Alive », « Last Call » ou encore « Don’t Let Go », « Infestation » laisse un espace vital à des titres un peu plus mid tempo qui permettent à leurs auteurs de prouver à qui l’ignorerait encore qu’ils sont empreints dans leur chair d’un feeling rock indéniable. « Best of Me », « Look Out Below » ou encore la très belle et inspirée « As Good as it Gets » traduisent l’expérience passée de nos 5 idoles.

A l’écoute de ces titres en particulier, on ne peut que se réjouir de l’arrivée de l’ex Quiet Riot Carlos Cavazo au sein du combo, dont le jeu de guitare s’avère être on ne peut plus complémentaire de celui du soliste historique de Ratt Warren deMartini. La collaboration entre les 2 musiciens s’avère être certainement l’une des principales raisons de la réussite de cet album. Alors qu’un John Corabi que l’on préfèrera vocaliste (Mötley Crüe) assurait un interim assez convenu au poste de guitariste rythmique de Ratt avant l’arrivée de Cavazo, ce dernier est l’homme de la situation et ne peut qu’être le remplaçant idéal d’un Robbin Crosby certes irremplaçable pour les fans die hard du combo californien. Vocalement, Stephen Pearcy semble s’éclater derrière son microphone et charge avec on ne peut plus de facilité les morceaux d’ « Infestation » d’un charisme sans faille. Alors qu’il multipliait les projets annexes à Ratt dans les années 90 et 2000 (Arcade, Vicious Delite, groupe solo notamment), ce qui pouvait traduire implicitement son manque de prise de plaisir au sein de son groupe principal, notre crooner glam préféré semble ici prendre son pied comme en 1985 et l’époque bénie où Ratt remplissait les arenas aux quatre coins du pays.

En 2010, le grand Ratt est bel et bien de retour donc, offrant au public un très bon album de hard rock inspiré et très efficace. Exit le spandex, les foulards multicolores et la trousse de maquillage, Pearcy et ses sbires vivent désormais dans le 21ème siècle et ont encore grâce à « Infestation » une légitimité que d’autres n’ont plus depuis bien longtemps.

2010-10-20 00:00:00


dark_omens : 15/20
Indiscutablement Ratt fut une des victimes les plus notoires de ce bouleversement formidable qui décima nombre de groupes traditionnels à l'orée de ces années 90 fatales. La plupart de ces musiciens les plus illustres avaient pourtant vécu un apogée formidable à la mesure de la décennie précédente où la renommée, la plus facilement atteignable, se cueillait au cœur de stade conquis. Nul besoin même de proposer de révolution musicale et seul le talent prometteur nous offrant un tableau passéiste, se rapprochant de près ou de loin de ceux que d'autres firent auparavant, suffisait à leurs ouvrir les portes d'une gloire facile et lucrative. Bien évidemment, et fort heureusement, les aptitudes talentueuses de certains de ces artistes ne les empêchèrent pas de sortir quelques albums sinon incontournables tout au moins attachants, et ce malgré ces attitudes empruntées. Bien qu'un peu caricaturalement partial, ce constat sur une époque n'est pas totalement dénué d'une once de vérité.

Quoi qu'il en soit, après un Detonator moyennement inspiré mais qui, surtout, ne sut pas véritablement saisir les enjeux avérés d'un bouleversement culturel ambiant profond, Ratt disparus donc, engloutis par le Death, le Grunge, le Thrash, le Painkiller de Judas Priest et les balbutiements de quelques autres genres encore.

Le chemin de la rédemption fut ensuite un long calvaire, dans lequel aucun déboire, même les plus grotesquement procéduriers, ne furent épargnés à Ratt. Mais tout supplice a une fin. Et celui des Américains semble se terminer en 2010 avec la sortie de cet Infestation.

Le contexte actuel est, bien évidemment, plus favorable à ce genre de production. La plupart des nouvelles sensations, groupes pour lesquels un incompréhensible engouement ne cesse de grandir, ne parviennent pas véritablement à offrir une alternative autre que celle d'une expression aux liens de parentés évidents, parfois à la mélodie près, de celle des cadors du genre. Qui, en ce cas, mieux que ceux qui furent, par le passé, les premiers à jouir de cet engouement pourraient en tirer tous les avantages ? En d'autres termes, lorsque l'inspiration est à leurs côtés, qui mieux que Ratt, AC-DC ou Motley Crue peut défendre la musique de cette époque définitivement révolue ?

Et puis il y a la nostalgie cyclique. Ces maudits regrets d'un autrefois pas nécessairement plus inspiré culturellement, mais qui, sans doute, fut le témoin des premiers émois de ceux qui aujourd'hui déplorent la disparition de ces années-là.

Toutefois si les facteurs d'un environnement artistiques semblent éminemment favorables, ils n'augurent pas nécessairement de la réussite d'un album. D'autant plus que Ratt aura déjà prouvé, par le passé, son impuissance créative et son incompréhension des changements du monde qui l'entoure.

Soyons d'emblée honnêtes, si les reformations récentes de certaines anciennes gloires enfantèrent des albums dont les qualités laissèrent entrevoir le pire à un genre essoufflé, c'est non sans une certaine appréhension, pour des raisons évoquées plus haut, que votre humble serviteur accueillit l'écho de cette nouvelle offrande de Ratt.

Coupables de ces aprioris négatifs, c'est d'autant plus volontiers que je viens faire mon mea culpa ici. Dès les premières notes d'un remarquable Eat me up Alive, dont certains passages, notamment le riff introductif, sont incroyablement agressifs pour le genre, les doutes s'envolent laissant place à un indescriptible plaisir. Ce premier titre efficace, démontre aussi tous le talent mélodique de ce groupe. Un sens de la mélodie qui, autrefois, fut parfois dénaturé par les aspirations commerciales de certains producteurs intéressés. En équilibre instable entre une musicalité employée à bon escient et une autre plus festive et parfois même mièvre, certains, en effet, firent basculer le groupe vers l'abîme insipide. D'ailleurs un titre tel que Best of Me et ses couplets embarrassant, manque, de peu, la chute.

Ce faux-pas, négligeable, est, bien heureusement, isolé. Tant et si bien que fort de ce Hard Rock débridé et mélodique, Stephen Pearcy, de sa voix aiguë si particulière, et ses camarades nous offrent, tout simplement, une leçon musicale dans laquelle le meilleur d'une décennie achevé s'exprime avec une excellence délicieuse (les remarquables Looks at Below, Last Call, Garden off Eden ou encore, par exemple, Take à Bit Bite).

Avec ce superbe Infestation, à la croisée de Motley Crue, de Cinderella et de Skid Row, les californiens font donc revivre l'esprit à la fois Glam, Hard Rock et Rock'n'Roll de ces années 80, tout en lui insufflant un aspect moderne. Nul doute que cette œuvre ne donnera pas naissance à la genèse d'une formidable révolution, cependant elle saura, assurément, au côté de celles de Steel Panther et de Sister Sin, redonner de l'intérêt à un genre tout entier.

2013-09-12 18:33:51