BLACK SABBATH
NEVER SAY DIE (Album)
1978, Warner Music Group




taylor13 : 17/20
Black Sabbath...plus besoin de présenter ce groupe ni la pléiade musiciens et virtuoses qui l'ont composé.
Je dois avouer, avant de commencer, que de chroniquer un album de la période Ozzy relève pour moi d'un caprice au service de mon orgueil. Chroniquer le Sab', c'est chroniquer le métal.

Cet album est le dernier qui regroupe la formation originelle, avant la tempête Dio.
A l'époque le groupe cherche à expérimenter de nouvelles voies. Si le groupe avait su se renouveler (fort bien) pour Sabotage, Technical Ecstasy n'avait rencontré qu'un demi-succès (et pourtant!). Black Sabbath est alors contraint de vouloir se renouveler une nouvelle fois, mais l'échec de cet album, au contenu parfois sous-estimé, pourrait être imputé à la vague punk qui sévit alors en Angleterre et dans le reste du monde.

L'enregistrement de l'album laissait présager sa tragique fin puisque les premiers enregistrements ont été faits avec un autre chanteur : Dave Walker. Ozzy avait alors quitté temporairement le groupe. Son absence plus qu'exceptionnelle lors des sessions de répétition avait déjà été amorcée lors de l'enregistrement de Technical Ecstasy.
Finalement le Madman reviendra pour enregistrer cet ultime album au sein de Black Sabbath. Il ne s'agit plus donc plus qu'une question de mois avant qu'il soit définitivement écarté de la formation. Ward faisant office de bourreau, sur ordre de Iommi, s’en chargera après la tournée. De cette tournée, il ne reste qu’un enregistrement de Juin (78) à l’Hammersmith Odeon.

A cette époque Ozzy et l'ensemble du groupe sont constamment sous l'emprise de drogues et de l'alcool. C'est finalement ce qui transpire durant toute l'écoute de l'album. Never Say Die! n'est qu'une façade, quelque chose est réellement entrain de mourir.

Au bout de cinq long mois d'enregistrements (et de débauche(s)) l'album atterrit sur le marché le 28 septembre 1978. Si l’album est relativement bien accueilli en Grande-Bretagne par et occupe une place confortable dans les charts britanniques, il n’en est pas de même au Etats-Unis.
Très vite l’album sombre dans ce que l’on pourrait appeler «les oubliés du rock».
A noter qu'il s'agit du second album dont la pochette est réalisée par le collectif Hipgnosis (Pink Floyd, les Led Zeppelin à partir de Houses of the Holy, UFO, Genesis...).

La production est manifestement bien léchée, chaque instrument est parfaitement audible.
Chaque personnalité du groupe excelle dans son rôle, mais la place est aux innovations avec le rôle croissant claviers. Ozzy nous livre ici un chant, il faut l’avouer et ce malgré les excès, un tantinet supérieur au reste de la discographie.
Les compositions se font faussement moins graves que précédemment (exit les "Sleeping Village"; "Lord of this World"; "St. Vitus Dance";"You Won't Change Me"...)
Ainsi des titres comme "Johnny Blade" ou "Air Dance" qui grâce aux claviers (toutefois aujourd'hui un peu vieillot) nous font presque douter quant à savoir si c'est réellement du Black Sabbath, on croirait entendre du Emerson, Lake & Palmer ou autre groupe de progressif des années 70.

Le groupe sait donc innover mais pas complètement se réinventer, ainsi le riff de "A Hard Road" rappellera celui "Children of the Grave". Ce titre est également assez exceptionnel puisque c'est le seul titre de la discographie du groupe où les quatre membres originaux sont réunis autour d'un micro. "Shock Wave" est également plus dans la veine des anciens titres. Cela ne constitue pas spécialement des "titres forts" mais des bons titres tout de même.
"Breakout" est un instrumental jazzy formidable, de quoi donner envie de renouer avec Miles Davis. Il est directement rattaché au dernier titre chanté par Bill Ward, qui prenant le micro pour la seconde fois (la première étant "It's Alright" sur Technical Ecstasy) conclue dignement l'album avec "Swinging the Chain".

Trois titres occupent, à mon sens, le haut du pavé, le très efficace "Never Say Die!", l'inventif "Junior's Eyes" et l'ironique "Over to You". C'est en effet sur ce dernier que l'on entendra pour la dernière fois du disque Ozzy. Le refrain "Over to you/ future looks blue/ what can I do?" est signé Geezer, un message pour Ozzy peut être?


Si la présence et la notoriété de Black Sabbath dans le métal ne sont plus à démontrer, pour beaucoup Black Sabbath c’est avec Ozzy, point barre. Qu’on ne s’y trompe pas, les récentes rééditions se basent sur cette période. Toutefois, la période la plus connue au sein de cette première sous période reste celle des quatre-cinq premiers albums, ces albums qui ont font fait ce que le métal est aujourd’hui.
La seconde période, celle de Sabotage à Never Say Die! (et spécialement Technical Ecstasy et Never Say Die !, allez savoir pourquoi) est souvent décriée à tort. C’est pourtant dans cette période que l’on aura les meilleures surprises du groupe («Am I Going Insane (Radio)»; «Gypsy»; «Over To You»).

Ce dernier album de la période Ozzy laisse une impression étrange: à la fois de la plénitude, de l'amertume mais aussi du regret, puisque c'est lorsque "Swinging the Chain" se finit que l'on se dit "Eux quatre en studio c'est fini!" Pour toujours? Certainement pas!

2010-02-08 00:00:00