LES DISCRETS
SEPTEMBRE ET SES DERNIèRES PENSéES (Album)
2010, Prophecy Productions


1. L’ Envol des Corbeaux 01:26
2. L’ Échappée 04:03
3. Les Feuilles de l’Olivier 04:36
4. Song for Mountains 05:58
5. Sur les Quais 03:03
6. Effet de Nuit 05:54
7. Septembre et Ses Dernières Pensées 02:28
8. Chanson d’Automne 07:40
9. Svipdagr & Freyja 03:58
10. Une Matinée d’Hiver 04:06

Total playing time 43:12


Ebrithil : 18/20
Les Discrets .. ? Qu'est-ce donc que ceci ?

Assurément, voilà un groupe de la scène rock française (au sens large du terme) qui porte bien son nom. Pourtant, après lecture d'une chronique élogieuse dans un magazine, le nom m'était resté en tête.
Toutefois c'est l'artwork, plus que cette chronique, qui m'a poussé à jeter une oreille sur ce Septembre et Ses Dernières Pensées.

Un artwork qui, l'air de rien, en dit long sur le contenu de l'album ... mystérieux, sombre, gris, l'air d'un monotone soir d'hiver... mais avec un côté à la fois malsain et enfantin, comme si l'enfance n'avait été qu'un rêve et que le réveil en était la fin ... voilà tout ce que cette simple pochette me dit, et au sortir de cet album, toutes ces impressions se bousculent en moi, mélangées, mêlées à bien d'autres difficiles à décrire.
Une chose est certaine : je viens d'effectuer un voyage musical qui, si il n'est pas dépaysant au sens propre du terme, reste spécial. Par ce mois de mai automnal, quelle ne fut pas ma surprise d'écouter une musique collant si bien à la morosité ambiante, cela soit dit sans aucune connotation péjorative.

Car Les Discrets ne nous enfoncent pas dans cette morosité, ils nous la montrent, la font ressentir via une musique désabusée, et qui réussit l'exploit d'être à la fois sombre et ... lumineuse. A l'image de cette Echappée d'ouverture, à l'ambiance mélancolique et aux arpèges transpercés d'une mélodie magnifique, qui accompagnent le chant tout en finesse (bien que parfois trop nonchalant, ce qui empêche de saisir les subtilités des paroles...). Le message que j'ai reçu m'a semblé le suivant : oui, les choses vont mal, oui, il fait noir dehors, mais ça ira mieux. La lumière s'allumera, et si elle ne s'allume pas, sors à l'aveuglette !
Mais Les Discrets savent l'être moins, comme le prouvent les riffs et les ambiances faisant penser à Primordial présents sur Les Feuilles de l'Olivier, hommage métaphorique à la beauté qui s'en va... et qui revient, comme tout au long de l'album qui ne se laisse jamais aller à ses élans metal et revient vite sur le droit chemin de la mélodie. A de rares moments, cela peut paraitre hésitant (L'Effet de Nuit), mais quasi-toujours, la maîtrise est parfaite.

La métaphore, Les Discrets la maîtrisent, et le montrent sur Song for Moutains, qui, bien plus qu'une ode à la beauté des chaînes montagneuses, est une réflexion sur l'Homme et la faculté qu'il a de détruire les choses pour les remplacer par d'autres, moins belles et tellement moins agréables... Le tout dans un accompagnement électro-acoustique de toute beauté.

Lorsqu'enfin, à la voix masculine se joint un chant féminin éthéré et mystérieux, le résultat donne un morceau en apparence plus léger mais au final plus oppressant qu'autre chose, car laissant une impression d'inachevé (Les Quais) ... et pourtant, cet inachevé n'est pas dérangeant, car la musique nous emmène tellement loin que l'on pourrait presque en imaginer la fin.

Et comment ne pas parler de cette adaptation du célébrissime poème de Verlaine, Chanson d'Automne, qui semble ici avoir été écrit pour le groupe tant il colle à l'ambiance... automnale qui se dégage du disque. Enrobée d'une musique sublime et crépusculaire, la poésie de Verlaine renaît par Les Discrets et la voix de Fursy Teyssier, chanteur à fleur de peau.
Quant au diptyque final, il nous envoûte une dernière fois, avant de nous réveiller par des paroles répondant au titre éponyme de l'album ("Nous avons donc fait ce voyage, un après-midi d'automne ...") ... une fin toute en douceur et en luminosité, pour un album qui, si il ne touchera pas forcément tout un chacun, est une véritable perle de sensibilité.

Les Discrets signent donc là leur premier véritable album, et il est possible qu'ils ne sortent pas immédiatement de leur relatif anonymat avec celui-ci.
Et pourtant, rares sont les artistes à nous offrir de tels moments de magie, loin de toute virtuosité technique, loin même d'un éventuel chef-d'oeuvre intemporel.

Juste un peu de magie... et parfois, cela suffit.

2010-05-14 00:00:00


Volcelest
Les Discrets portent bien leur nom. Groupe français de post-rock de Fursy Teyssier, c’est lui-même qui a fait cette pochette où l’on distingue ce qui pourrait être un troll, dans des couleurs sombres et ternes, très automnales. L’intérieur de l’objet reste dans les mêmes tons. C’est attirée par cette image que j’ai jeté une oreille sur l’album, un soir pluvieux et froid où les quelques feuilles restantes sur les arbres peinaient à rester arrimées à leurs branches – pour rester dans le thème.

On retrouve dans Les Discrets Winterhalter et le trio ne serait pas complet sans Neige, pour qui F.Teyssier créée les artworks d’Alcest. Perdu ? « Toujours les mêmes gars » ? Pas faux.

Tout simplement, et là c’est le point négatif, parce que « Septembre et Ses Dernières Pensées » ressemble beaucoup à ses confrères produits par Alcest. Et que c’aurait pu être Neige au chant, ça n’aurait pas choqué du tout. Ce n'est pas un sosie, certes, mais les riffs ne sont pas d’une originalité bouleversante.

Mais cela ne signifie en aucun cas que cet album ne s’apprécie pas ! Notre trio maîtrise très bien le genre et propose un travail propre, bien enregistré, où on se satisfera les oreilles un peu fatiguées de la double-pédale.

L’ambiance automnale et les sentiments mélancoliques que l’on renâcle durant cette période qui y sont liés sont ici omniprésents sur tout l’album, qui suit un fil de progression sur le thème d'un voyage au coeur de l'automne. L'album est dans son ensemble berçant sans être lénifiant. Les nappes de clavier n’en font pas des caisses, on appréciera les mélodies. La note personnelle tient dans la voix de Fursy, un brin désabusée.

Dès « l’envol des corbeaux », on s’imagine par cette introduction très ‘ambiant’ une scène venteuse sous un ciel plombé.
Je mettrai aussi en avant « Song for Mountains », ode aux versants des montagnes et leur peuplade désolée ; « Sur les Quais » dont il convient de faire l’éloge – et notamment à la jolie voix de Hadorn, qui donne un côté aussi enfantin que rêveur au titre. Est-ce un hasard si le groupe aurait dû s’appeler à l’origine « Enfance » ?
N’oublions pas le titre-éponyme qui, lui, nous projette quelque part sur une montagne venteuse assaillie par la neige pour se perdre dans le blizzard.
« Chanson d’automne » n’est autre que le célèbre poème de Paul Verlaine. Celui-ci insiste sur l’ambiance souhaitée par le groupe, entre la nostalgie de l’enfance (qui ne l’a pas appris à l’école ?), le souvenir, la mélancolie automnale. Une bien belle mise en musique, à la hauteur de la littérature, à coups de voix en fond rappelant quelqu’un qui fredonne.
Enfin, « une matinée d’hiver » clôturera l’album de la toute première givrée après l’automne survenu… en toute beauté.

Vous avouerez que sur dix pistes ça fait déjà beaucoup de belles choses. Et c’est vrai que j’ai presque trouvé l’album trop court !

Donc pour conclure, un beau moment passé avec mes trois « trolls » chuchotant au fond des oreilles ces mélodies d’automne : malgré le léger manque d’innovation de l’album celui-ci reste un très bon élément du post-rock français avec ses touches de personnalité.

2012-12-27 20:57:31