PORCUPINE TREE
IN ABSENTIA (Album)
2002, Atlantic Records / Lava Records


1. Blackest Eyes 04:23
2. Trains 05:56
3. Lips of Ashes 04:39
4. The Sound of Muzak 04:59
5. Gravity Eyelids 07:56
6. Wedding Nails 06:33
7. Prodigal 05:32
8. 3 05:25
9. The Creator Has a Mastertape 05:21
10. Heartattack in a Layby 04:15
11. Strip the Soul 07:21
12. Collapse the Light into the Earth 05:54

Total playing time 1:08:14


bojart
L’imagination…ce don précieux qui permet à l’être humain de s’exprimer, de fantasmer mais aussi de s’évader du monde extérieur pour se réfugier dans son propre monde intérieur. Un lieu où tout est possible, un endroit sûr dans lequel l’homme (ou la femme) jamais ne sera jugée pour ses opinions, ses gouts ou que sais-je encore ! Un havre de paix, berceau de l’imaginaire. Et c’est ce à quoi Porcupine Tree me fait penser… Formé en 1987, en plein essor du NWOBHM et du thrash métal, ce groupe britannique de métal progressif à toujours été en marge,peu reconnu par le public de base du rock-métal mais apprécié des amateurs de musique progressive atypique, une musique quelque part entre rock progressif et métal alternatif, avec des influences allant des Beatles jusqu’au Pink Floyd en passant par de l’électro-rock. De progressif, il a le tempo de ces titres qui, crescendo, laissant chaque musicien se raconter grâce à son instrument. D’alternatif, Porcupine Tree a cette capacité à créer une cohabitation idéale entre mélodies rock et rythmes métal. « Embarquez dans la navette de la compagnie Bojart Inc. pour un voyage au cœur du sixième album des anglais, « In Absentia », crée en 2002 dans la galaxie d’Atlantic et Lava Records… Veuillez attacher vos ceintures ! Bon voyage !»

Tout est dans la cover de la pochette. Un visage. Celui d’un homme probablement aveugle ouvrant grand ses yeux blancs à l’aide de ses doigts. Le message plausible de Porcupine Tree : « Fermez les yeux et écoutez cet album avec vos quatre autres sens. Laissez-les vous transporter au sein d’un imaginaire pur…

Commençons, si vous le voulez bien par mon titre favori, le savoureux « Strip The Soul », où musique alternative et rythme progressif se marient fabuleusement bien. Tout début avec les ondes denses et nourries de la basse de Colin Edwin, secondé par les tambours de la batterie de Gavin Harrison (remplaçant de Chris Maitland) et la voix calme et posée de l’homme –orchestre et créateur du groupe, Steven Wilson. Un premier riff de sa guitare déchire la rêverie ambiante, suivit d’un refrain gagnant en puissance de par les échos du chant de Steven entonnant « Strip The Soul/Fill The Hole (…) Strip The Soul/Kill Them All » (déshabille l’âme/Rempli le vide(…) Déshabille l’âme/Tue les tous), ce qui correspond exactement à l’atmosphère sombre habitant ce disque. Steven reprend son chant serein sur le lit d’une basse plus douce et légère ; Le refrain reprend et le chanteur n’hésite pas à y superposer le texte du pont, belle initiative escortée de prés par un solo inspiré de basse où l’instrument à quatre cordes se voit accompagné au lointain par un riff acoustique (original et bien vu) Cette même guitare est suivie de riffs électriques distordus plus agréables encore lorsque ils se mêlent aux vocaux de l’interprète. Un silence s’installe. Une accalmie où l’on entend des samples de voix indistinctes, masculines comme féminines… Puis arrive le quartet timbales/cymbales/guitares (les miracles du studio) pour un final ressemblant à une apothéose… Tout bonnement magique !

L’aérien « Lips of Ashes » narre une romance glauque que seule l’imagination humaine peut engendrer alors que le fantasmagorique « Gravity Eyelids » se complaît dans le récit d’un fantasme psychédélique vécu par un solitaire… « Sounds of Muzak » est musicalement direct. Steven et ses grattes donnent la cadence au batteur. Le refrain s’enveloppe dans un environnement chaud sans être ardent, rassurant aussi grâce aux différents éléments de percussions et au touché de velours de Steven sur sa guitare avec laquelle ils nous offre un bien joli solo porté par Gavin et sa batterie dans l’optique d’un plaisant morceau de rock alternatif-progressif. Le titre est court mais séduisant ! « Blackest Eyes » commence par une rafale de riffs de guitares et une batterie au diapason. La voix si touchante de Steven Wilson remplit de féerie cette ballade rock-métal où guitares et percus font bon ménage. Un tube en puissance surtout avec son refrain mélodique et hypnotisant et avec son pont musical qui défriserais un chauve ! Le clavier de Richard Barbieri et la basse de Colin s’unissent pour permettent aux vocaux du leader de s’élever une dernière fois au dessus des Cieux… Avant une ultime avalanche de riffs guitaristiques.

Terminons avec le morceau-instrumental du disque, le très réussi « Wedding Nails », titre nerveux servi par une ligne de basse souple et pure et un set de batterie des plus classique. Les guitares de Steven s’avère énergiques voire survoltées avec, au second plan, un combo’ malicieux entre les claviers de Richard et la guitare principale de Steve. On respire et on rouvre les yeux… la virée dans le psychisme de Porcupine Tree prend fin…

« Nous venons d’atterrir dans la réalité. La température à l’extérieur de l’appareil est de 10 degrés Celsius, le ciel est orageux alors couvrez-vous et n’oubliez jamais ceci : Les plus beaux rêves naissent dans notre imaginaire »

Bj

2010-05-11 00:00:00


MetalAssBender : 18/20
Porcupine Tree, groupe anglais mené par le génial Steven Wilson, se contentait plus ou moins jusqu'à cet opus, de naviguer dans un rock progressif teinté psychédélique, mais aux accents parfois convenus. Steven Wilson travaillant en parallèle avec les suédois d'Opeth, l'idée germe dans le combo anglais d'avoir une approche plus agressive dans leur sonorité, de s'éloigner des sentiers battus. Personnellement, je n'ai jamais été un grand fan de la précédente ère de Porcupine Tree, même si je ne renie aucunement la qualité des compositions du groupe, ni le talent de Wilson.

Avec ce nouvel album, fait d'un mélange de sonorités pop, psychédéliques (un peu) et parfois metal, Porcupine Tree s'ouvre un boulevard dans le monde très convenu du metal progressif. Il est vrai que, à la date de sortie de l'album, les têtes d'affiche du genre sont en totale perdition et nous livrent des trucs tous plus ou moins improbables, hormis quelques exceptions. PT ne s'embarque pas dans la pâle copie des groupes fondateurs du genre, mais se lance dans une voie parallèle faite sur les cendres de leurs discographie passée. Les puristes de la première heure du groupe diront que tout cela n'est qu'hérésie et que Steven Wilson a cédé aux sirènes du metal. Mais c'est bien réducteur, car si les guitares et la batterie se font plus présentes, nous ne sommes pas non plus en présence d'un album "metal". Non, il y a vraiment un glissement qui s'opère sans pour autant que soit dénaturée l'essence du groupe.

Le premier morceau, Blackest Eyes, nous indique directement la nouvelle direction sonore prise par les Anglais. Aux premières sonorités vraiment plus agressives qu'à l'accoutumée, s'ensuivent des guitares plus planantes accolées à la voix de Wilson. On enchaine sur l'excellent Trains et ses sonorités plus pop mais dont les mélodies sont vraiment bien torchées. Au rang des morceaux les plus intéressants se situent Blackest Eyes, Trains, Lips of Ashes, Heartattack in a Layby et Collapse the Light Into Earth.

Pour conclure, cet album est une véritable transition entre deux ères et envoie le groupe un peu plus haut dans la stratosphère des titans du prog. Sensible, mélodieux, cohérent, In Absentia dévoile un nouveau visage qui s'affirmera dans l'opus suivant, Deadwing pour ensuite tutoyer les sommets avec Fear of a Blank Planet.

2014-09-17 21:20:28