FILTER (USA)
THE VERY BEST THINGS (Compilation)
2009, Rhino Records


1. Hey Man Nice Shot
2. Welcome to the Fold
3. Jurrassitol
4. Can't You Trip Like I Do
5. Take a Picture
6. Soldiers of Misfortune
7. Where Do We Go from Here
8. Dose
9. I'm Not the Only One
10. Skinny
11. One
12. The Best Thing
13. The Only Way
14. Thanks Bro


Matai : 11/20
Ils sont malins ces américains…
Ils s’absentent pendant sept ans et font patienter leurs fans…
Ils reviennent et sortent, non pas un album mais deux, « Anthems for the Damned » au son lisse, plus typé rock et « Remixes for the Damned », les remixes version électro/techno de l’album précédent…
Et là, une compilation, « The Very Best Things ». Pour se faire de la pub ? Récupérer des fans ? Faire découvrir leur musique ?
Certainement tout ça à la fois.
Car la planète Filter après un brute changement de line up et la cure de désintox du chanteur Richard Patrick s’est un peu cassée la gueule. Où sont les titres hargneux, terribles, atmosphériques et lourds ? Où sont les tubes tels que « Hey Man Nice Shot » ou « Welcome to the Fold » ? On n’en retrouve plus, comme si l’inspiration et l’audace s’étaient envolées au profit d’une musique plus commerciale et résolument plus accessible.
Même si à la base, Filter est un clone plus facile d’accès de Nine Inch Nails (dont Richard Patrick fut le guitariste), il n’en reste pas moins un bon groupe ayant osé faire des titres sortant de l’ordinaire, qu’importe les critiques et les scandales (l’album « Short Bus » ayant été virulemment attaqué à cause d’un titre soit disant en rapport avec la mort de Kurt Cobain de Nirvana).
Outre ces quelques déboires, et tous ces albums passés, Filter sort enfin la compilation, le CD censé regrouper, on s’en doute, les meilleurs titres, les plus représentatifs de leur opus…
Sauf que j’en doute réellement…

J’ai la vague impression que Filter veut plus se faire reconnaître comme une identité rock et non métal. Pourquoi je dis ça ? Un tour dans la tracklist s’impose.
Que voyons-nous ? Une bonne moitié de l’album si ce n’est plus est composée de titres bien calmes voire acoustiques. Pourtant les racines de Filter se situent bien dans le métal et non dans le rock acoustique plutôt gentillet. A la vue de titres tels que « Take a Picture », « Where Do We Go from Here », « One », « The Only Way » et j’en passe, il y a de quoi se poser des questions. Cette compilation est-elle faite pour endormir l’auditeur ? Est-elle faite pour initier les amoureux de Filter à l’acoustique ? Est-elle faite pour ramener des auditeurs hors métal ? Il y a de quoi se poser des questions. Je ne dis pas que ce sont de mauvais titres, au contraire. Ceux que j’ai cité sont extrêmement calmes et jolis, il faut le dire, les grattes acoustiques étant mises en valeur, les mélodies s’envolent, le chant aérien de Richard Patrick est très modulé et impeccable, partant dans les aigus sans soucis. Mais ces chansons sont surtout construites de la même manière, à tel point que certains passages des uns ressemblent aux passages des autres. Alors les insérer ensemble dans cette compilation, je trouve ça un poil exagéré.

A part ça, on retrouve les titres qui auront bien marqué les opus précédents, c'est-à-dire « Hey Man Nice Shot », le titre scandaleux justement, où la basse claire et charismatique de Frank Cavanagh est mise en valeur ; « Welcome to the Fold », totalement hargneux aux couplets, agressifs à souhait avec ces guitares tranchantes et le chant crié, mais absolument mélodieux et atmosphérique aux refrains, percussions en arrière plan, chant aérien et posé ; « The Best Things », dans une veine indus avec la boîte à rythme et les samples, et un jeu d’accord et de bémols irréprochable pendant les refrains créées par des guitares et une basse en parfaite osmose.
A cela s’ajoute bien évidemment des titres hors albums, comme « One », créé spécialement pour le premier film X-Files, calme lui aussi et mystérieux, ou même « Jurassitol » pour le film Spawn, plus tranchant mais pas du tout transcendant.

C’est bête que « You Walk Away », le meilleur titre et le plus métal de l’album « The Amalgamut » ne se soit pas retrouvé dans la compilation, cet album-ci n’étant vraiment pas à l’honneur je trouve. Mais bon. On ne va pas leur demander la lune, surtout depuis plusieurs années. Tout semble avoir basculé, tout semble avoir perdu de son éclat. Filter semble ne plus être le même, comme si son âme avait disparu. Quoique ! Le dernier titre de la compilation est un inédit. Comme quoi !
Hormis cette pochette ridicule (encore une fois…), « The Very Best Things » reste une compilation plutôt moyenne et assez dispensable car n’étant pas révélatrice du groupe en question. Dommage ! On se serait attendu à mieux, mais l’envie de vendre plus, et cette soif d’argent semblent aveugler de plus en plus les combos.

2009-10-01 00:00:00