SUIDAKRA
CRóGACHT (Album)
2009, SPV / Wacken Records




mattpriest : 17/20
L’Allemagne peut être fière de compter parmi elle une communauté de personnes faisant vivre le Metal, et plus particulièrement certains styles, comme le Death, le Thrash, et même le Folk Metal. Ici avec Suidakra !!! Et il semblerait que les grosses pointures du genre se soient donné le mot en cette année 2009 : Korpiklaani, Nomans Land, Ensiferum, Manegarm … et le sus nommé : Suidakra.

Suidakra fait partie de ces groupes qui sortent facilement, ou tout du moins rapidement des albums. Mais pas ici, car le talent des allemands les a fait faire une grande et belle tournée, qui les a fait connaitre (nécessaire sans doute). Et c’est donc pour cela qu’après la compilation CD plus DVD très alléchante et agréable que le groupe nous à offert, les revoici avec ce nouvel album.

Tout beau, tout chaud, mais est-ce que le fait de prendre leur temps n’a pas un peu bouleversé les habitudes artistique du groupe ? Eh bien faisons un petit retour dans le temps, au début de leur carrière le groupe se cherche une identité oscillant entre un folk metal teinté de black, de death/death mélodique. Pour ensuite aller dans une direction beaucoup plus death, voir même death/power, mais toujours avec des mélodies et des ambiances folk, amenées par des instruments comme la flûte, le violon, le clavier ou même la cornemuse ! La voie fut donc suivie, et le groupe a trouvé sa réelle vitalité et productivité artistique en puisant dans un metal folk death, teinté de death mélodique et parfois de power metal.

Revenons à ce « Crongacht ». L’ouverture de l’album se fait avec, comme on en a l’agréable habitude, une introduction : claviers et cornemuse sont au rendez-vous, comme pour donner un premier élan et ainsi lancer la machine sur le premier morceau « Conlaoch » ! Tout s’emballe d’un coup. Un tas de sons et d’informations vous arrivent en plein visage, et cela risque de durer, mais aussi de faire très mal ! On entend d’emblée la batterie très en avant avec des roulements à couper le souffle, un jeu de cymbale technique et une rapidité d’exécution très prononcée. Les riffs sont comme précédemment très death, avec en fond une guitare mélodique suivant les cornemuses et autre violons. Tout cela va très vite, mais pas trop vite quand même. L’habitude fut prise sur les précédents opus que sont «The Arcanum » et «Command to Charge ». Les rythmes sont soutenus pour la plupart des morceaux, avec des changements de rythmes, et ainsi de nouvelles ambiances lors de ces mêmes morceaux. Technicité, rapidité et innovation au rendez-vous également. On passe d’une batterie axée sur une double grosse caisse de qualité, et tambourinant à fond, à un rythme plus saccadé, où la batterie lance des petites rythmiques entrainantes, et par moment ressemblant à des tambours militaires. Que dire du chant, sinon qu’il reste aussi puissant, beaucoup plus de variantes sur cet album en tout cas. Des hellscreams rauques, en passant par un chant torturé, et un chant clair, tout comme des moments plus calmes où le chant se retrouve très posé, presque parlé et chuchoté. Les variantes entre chant clair et chant death se mélangent très facilement, et se rajoutent parfois des échos pour encore plus d’énergie donnée aux paroles. Les pauses lors des morceaux sont très agréables et permettent un réel aboutissement à l’album. On passe d’un moment très rythmé et puissant, avec les riffs des guitares surpuissant, death et mélodieux, s’alliant parfaitement à l’envie de faire une musique rapide, puissante et implacable. En arrivant à des passages avec des mélodies plutôt douces, les guitares acoustiques se faisant entendre. Les parties death mélodique que l’on retrouve en fond sont bien maitrisées et permettent de ne pas trop perdre le fil. Mais malgré cela elles restent un peu trop en fond. Les solis sont plutôt rares, mais de très bonne facture, alliant rapidité et technique : sobres et efficaces. L’exemple le plus flagrant se fait sur « Isle Of Sky ». Ces passages semblent avoir été faits pour les lives, avec des paroles très compréhensibles, due au chant parlé mais très rythmé, où le public pourra reprendre en chœur. Pour ensuite faire monter les guitares, et nous revoilà avec des riffs perçant, entrainants à souhait. Tantôt mid tempo, tantôt rapides, les riffs se croisent et s’entrecroisent parfaitement, tout en gardant cette puissance et les mélodies au premier plan. Toutes les intros ne se font pas à l’unisson, vous frappant en pleine figure. Il y a également des petites intros folk à la cornemuse très agréable, comme sur « Scathach ». Le groupe varie les plaisirs, faisant monter la puissance des guitares, mais aussi des instruments acoustiques et folk par un clavier qui se retrouve très en vue lors des refrains.

Le groupe reste dans sa ligne de conduite, tout en puisant un peu plus dans le registre Death et Power. Même si le côté Death est très franchement beaucoup plus présent et agréable que le côté power qui manque, lui, un peu de répondant. Les musiciens ont travaillé sur leur technique et amélioré leur créativité, et ainsi leur production. Il y a toujours ce son si reconnaissable, et les mélodies des refrains restent toujours faciles à retenir. Comme sur le morceau acoustique « Feats Of War » sur lequel on retrouve le chant féminin, qui est très récurent chez Suidakra, comme on à pu l’entendre sur d’autres morceaux auparavant. Ce petit morceau plus court que les autres permet un réel replacement et repos, de l’auditeur dans l’album. Tout comme le morceau « Ar Nasc Fola » qui lui est un morceau totalement acoustique, sans parole. Un moment de calme envahi l’album. On enchaine sur le dernier titre, le plus long de l’album (plus de Sept minutes). Ici tout commence avec des chœurs et une ambiance très nordique palpable. Pour ensuite démarrer en trombe avec toutes les qualités mise en avant et cités précédemment. Beaucoup plus de longueurs et ainsi de plaisir lors de ce morceau, où tout les instruments, folks comme électriques sont à leur place et s’allient parfaitement autour du chant et de ses variantes. Les ambiances dégagées par les chœurs et le clavier rajoutent de la puissance à ce morceau qui pourrait, sans doute, être un compte rendu de l’album.

Il est vrai que beaucoup d’éléments changent ou, du moins, évoluent. Ce n’est pas pour autant que c’est mal. Le fait de rajouter des claviers, et de faire la part encore plus belle aux instruments folks et aux mélodies lors des refrains, est plus maitrisé. Ce qui fait que cet album est sans doute un des plus complets de la discographie de ce groupe, qui est bien lancé.

2009-12-13 00:00:00