SIDILARSEN
UNE NUIT POUR SEPT JOURS (Album)
2008, New Track Music




Sowilo : 16/20
Sidilarsen a déjà presque quinze ans au compteur et seulement trois véritables albums. "Biotop" les avait présenté comme un groupe d’indus/techno metal très binaire et dansant. "Eau" avait été une surprise et une vrai grosse claque pour moi, puisque la musique du groupe avait subit une importante évolution vers un metal fusion bien plus organique, vivant et toujours énergique. Encore un bon moment et un changement de guitariste plus tard, ce troisième album s’est profilé et mon engouement pour "Eau" ne faiblissant pas, j’attendais bEaucoup de ce "Une Nuit pour Sept Jours", histoire de pouvoir clamer haut et fort que Sidilarsen fait désormais parti des très grands du french metal.

Première observation, le fameux tire-bouchon qui apparaissait toujours d’une façon ou d’une autre sur les pochettes a disparu. Un coup d’œil sur les propos du groupe nous prévient pourtant qu’il faut y voir plutôt une envie de ne pas se coltiner un emblème à ressortir indéfiniment façon Iron Maiden, et pas un signe d’une vrai révolution dans le style.
Et en effet, à l’écoute de « Deuxième Vie », on se demande même si on n’est pas revenu vers la période "Biotop" tant cette chanson pourrait presque être issue des sessions d’enregistrement de cet album. Mais « Acide Occident » et « Féline » nous ramènent sur la piste de Eau, avec des couplets façon raga et des effets électroniques omniprésents et qui servent bien plus que la rythmique. Une fusion typiquement frenchy qui fait très plaisir à entendre ! A ce stade, sans que la messe soit dite pour autant, on tient déjà l’essence de ce troisième album, à savoir non pas une évolution mais une espèce de synthèse du parcours effectué jusque là. « Deuxième Vie » et « Retourner la France » sont les meilleurs exemples de morcEaux typiquement issus de "Biotop", alors que plusieurs autres reprennent des formules déjà découvertes sur "Eau". On touche alors bien sur un point faible de l’album, puisque même si les chansons sont toujours bien fichues et qu’elles satisferont ceux qui accrochent jusque là à la musique des Sidis, des titres comme « Un Elan du Cœur » ou « Essentielle Etincelle » ne peuvent que paraître déjà entendus et un peu plus faibles que leurs aînés.
D’un point de vue plus global, le son est légèrement moins agressif que sur "Eau", la faute surtout au mur de guitares à la Rammstein qui est ici un peu moins imposant (j’ai bien dit un peu seulement). L’électronique en profite pour s’exprimer à fond afin d’imprégner différemment chaque piste. La batterie, enregistrée complètement à part et par un second producteur, joue également la carte de la variété, parfois presque synthétique (« Acide Occident », « Un Elan du Cœur »), et d’autre fois bien plus puissante, le meilleur exemple étant la martiale « Jusque sur Mars ».

Le chant fait parti des éléments qui ont quand même évolués, ou qui ont au moins profité de cette espèce de bilan. La cohésion entre les deux chanteurs a été travaillée, et c’est ensemble qu’ils entonnent énergiquement chaque refrain, pour un mariage très efficace de leur voix. Didou se fait globalement plus mélodique sur ses couplets, même s'il fait toujours appel régulièrement à sa voix rauque façon Lofofora. Viber lui a malheureusement laissé tomber ses passages en voix grave et électrique ainsi que ces hurlements, pour se concentrer sur la mélodie et sur des passages parlés ou scandés au résultat mitigé.
Les textes sont toujours en français et traitent de sujets tous aussi variés que la pollution (« En Vidéo »), les ventes d’arme (« Jusque sur Mars »), le phénomène second life (« Deuxième Vie ») et des textes moins sérieux (« Féline ») ou plus intimistes (« Le Prochain Eté », « Où il veut »). J’apprécie toujours leur écriture, qui justifie assez bien que le chant soit mis en avant. Oui, histoire de me contre dire un peu, l’ »Appel à Résistance » final n’est pas très très inspiré, j’en conviens.

Mais ce qui fait le plus plaisir, c’est de constater que quand ils essaient à nouvEau d’innover, ils y arrivent et ça leur est toujours aussi bénéfique. Les chansons « En Vidéo » et « Le Prochain Eté » en sont les exemples les plus flagrants. La première est une chanson rock/metal qui met la basse bien en avant et qui attire forcément l’attention. « Le Prochain Eté » est un moment de calme qui met l’électronique à l’honneur, saupoudré de petites mélodies discrètes de guitare, et des chants robotiques de Viber et apaisant de Didou. Ces passages, avec « Jusque sur Mars » et « Où il Veut », sont les plus innovants, et de très agréables surprises.
Pour résumer, Sidilarsen reste toujours se mélange de Mass Hysteria, de Rammstein, d’Asian Dub Foundation et de quelque chose de plus techno, et cet album mixe agréablement le tout pour en tirer du Sidi pur. Cependant "Une Nuit pour Sept Jours", d’une part n’a pas le charisme de "Eau", et prouve d’autre part que le groupe peut toujours surprendre agréablement quand il essaie. Donc, légère déception, non pas due à un mauvais album loin de là, mais au fait que je suis certain qu’ils peuvent mieux faire. A conseiller, en attendant impatiemment la suite.

2010-05-06 00:00:00