LIZZY BORDEN
MENACE TO SOCIETY (Album)
1986, Metal Blade Records / Enigma Records




samolice : 18/20
Lizzie Borden took an axe
And gave her mother forty whacks.
And when she saw what she had done
She gave her father forty-one.

(Lizzie Borden prit une hache,
Et frappa 40 fois sa mère.
Quand elle réalisa l'horreur de son geste
Elle frappa 41 fois son père.)


Lizzie Borden ? Une star. Les métalleux l'adorent. Flotsam and Jetsam ("She took an axe"), Alice Cooper ("Inmates, we're all crazy") ou Macabre ("Lizzy Borden") lui ont rendu "hommage" dans leurs chansons. Rob Zombie l'a même immortalisé sur le manège sanglant du Captain Spaulding dans son film « La Maison des 1 000 morts ».

Lizzie Andrew Borden (1860-1927), vieille fille sans histoire (jusqu'alors) fut accusée du double meurtre, à la hache, c'est tellement plus romantique, de son père et de sa belle-mère, le 4 août 1892 à Menace to Society River, dans le Massachusetts. La couverture médiatique du procès, qui vit Lizzie être acquittée, fit entrer ce fait divers dans la culture populaire américaine.

Perso, niveau comptine, mes enfants préfèrent à coup - de hache - sur notre bon vieux tube "Une souris verte" - un titre pourtant lui aussi bien gore, qu'est-ce qu'il prend l'animal -. Bref, voilà donc le pourquoi du patronyme de ce groupe originaire de Los Angeles et formé par les frères Lizzy Borden (chant) et Joey Scott Harges (batteur) en 1983. Le chanteur aimait la sonorité de ce nom et prit le même ainsi que la hache qui allait devenir le célèbre gimmick du groupe sur scène et amorcer l'ambition théâtrale des frangins pour des concerts sanguinolents, fortement influencés par Kiss et Alice Cooper.

Cette même année 1983, le sampler « Metal Massacre 4 » présente le premier titre enregistré par le groupe, "Rod of Iron". Un contrat en poche chez Metal Blade, l'EP « Give 'Em the Axe » est enregistré. S'ensuit le premier excellent full-length “Love You to Pieces” (1985). Quelques mois plus tard, le groupe propose un double live - voilà qui est pour le moins ambitieux après seulement un album - « The Murderess Metal Road Show » (1986), que les magazines français accueillent fraîchement, l'influence envahissante de Maiden les ayant refroidi. Pourtant, ma vieille VHS ne se remet toujours pas de ce concert qui a vu le groupe reprendre le "Live and Let Die" des Wings bien avant un certain Guns 'n Roses.

Lizzy Borden, souhaitant battre le fer tant qu'il est chaud - dédicace à Largod -, enregistre dans la foulée « Menace to Society » (1986). Le combo met le paquet sur le visuel de l'album en proposant une pochette magnifique.

???!!!???!!!! (traduction : étonnement, colère, stupéfaction, indignation).

Non je blague.

La pochette, plus-ringarde-c'est-Valérie-Damido-qui-refait-la-déco-de-ton-appart, m'avait un peu refroidi au départ. Même au second degré, ça passe pas vraiment. Sérieusement, matez donc Lizzy, debout sur un char, avec une espèce de coquille triple XL ridicule! Et je ne vous parle même pas du dessin qui orne la pochette intérieure, pathétique... Elle se veut pourtant représentative du thème général autour duquel s'organise l'album : la rébellion. Nous en avons déjà parlé, never judge a book by its cover. Tout juste, car l'album est excellent.
L'opus est dans l'ensemble plus heavy que le précédent. Le terme n'existait pas à l'époque mais nous nous trouvons ici dans des zones de turbulences proches du power métal. Souvent construites selon une recette similaire, basse (Michael Davis) ou plus souvent batterie en intro, une guitare puis l'autre et enfin le chant de Lizzy qui déchire le tout ("Generation Aliens", "Brass Tactics", "Love Kills"), les chansons font immédiatement taper du pied. "Notorious" ou "Terror on the Town" sont d'autres exemples de ces titres straight-forward (ou droit au but pour les amateurs de ballon rond) qui donnent envie de hurler les bras en l'air en faisant le célèbre signe de ralliement cher à R.J. Dio.
La voix haut perchée de Lizzy, qui compte pour beaucoup dans la personnalité du groupe, ne plaira certainement pas à tout le monde. Années 80 obligent, les aigus sont souvent de sortis ("Notorious" et son refrain puissant gonflés aux sons des "Hail Caesar")

Lizzy Borden, le groupe, évoque parfois Queensryche, notamment sur les power ballades ("Ursa Minor", "Bloody Mary", qui dénonce la violence conjugale et ou Lizzy utilise un chant moins crié et plus émotionnel). Autre influence évidente, les guitares Maiden-like sont toujours présentes (la fin de "Stiletto", "Ultra Violence", titre inspiré de l'oeuvre de Kubrick "Orange Mécanique") et l'ombre de Steve Harris plane également à la basse ("Notorious"). Pour autant, Alex Nelson, qui enregistrait là son premier disque avec le groupe, et qui est décédé le 17 mai 2007 dans un accident de voiture, et Gene Allen tissent des toiles de guitares intelligentes ("Stiletto" et son break surprenant qui annonce un très bon solo suivie d'une basse guillerette, l'intro de "Menace to Society").

L'album se termine sur une voix trafiquée qui annonce un test du EBS ("Emergency Broadcast System"), célèbre message d'alerte aux populations dont l'action est de prévenir d'un danger imminent. Attention à ce qu'en 2012, compte tenue de la période trouble que nous connaissons, il ne s'agisse pas d'une véritable alerte.

Le son de l'opus, signé Jim Faraci et le groupe, est daté - je ne connais pas le remaster de 2002 - et le mix, plutôt mal équilibré entre les instruments, manque de relief/tranchant. Lizzy a révélé dans une interview qu'il y avait trop de chefs en cuisine au moment de l'enregistrement - tous les membres du groupes - avec des points de vue trop discordants. Au final, un album à conseiller en priorité aux fans de métal des années 80, les amateurs des sonorités et productions actuelles risquant de ne guère y trouver leur compte.

Et dire qu'il est possible que le tueur à la hache rôde toujours (quoi qu'il ne doit plus être tout jeune). Au cas où, méfiez-vous lors du passage du groupe cette année au Hellfest...

2012-04-19 17:06:33