AYREON
THE UNIVERSAL MIGRATOR PART I: THE DREAM SEQUENCER (Album)
2000, Transmission Records / SPV / InsideOut Music




MightyFireLord : 16/20
Suite du concept entamé avec l'album "The Final Experiment" de 1995, "Universal Migrator Part I: The Dream Sequencer" raconte l'histoire du dernier humain (sur)vivant, après le terrible conflit planétaire de 2084. Il se retrouve seul dans une colonie martienne après que les rares ayant échappé à la guerre mondiale ainsi que le reste des colons aient péri du manque de ressources. Ce personnage est né sur Mars et n'a jamais été sur Terre. Son seul moyen de "vivre" cette expérience est d'utiliser la machine nommée "The Dream Sequencer", qui permet de revivre sa jeunesse et même, de remonter encore plus loin jusqu'aux précédentes incarnations de son âme. Chacune des chansons de cet album, ainsi que du suivant "UM Part II: Flight of the Migrator", raconte une étape dans l'ordre anti-chronologique de ses réincarnations visitées via la machine… Vous suivez ? On trouvera des invités comme Lana Lane, Erik Norlander, Damian Wilson, une certaine Floor Jansen, ou Clive Nolan, chaque vocaliste intégrant un rôle précis dans le concept. Maintenant j'ai le choix entre :
a) dresser la liste complète de chacune des étapes, et b) vous donner un résumé rapide de ce voyage.
- "The Dream Sequencer" : Introduction qui "démarre" la machine.
- "My House on Mars" : Jeunesse du colon martien qui n'a jamais connu la Terre, s'accrochant au rêve que son père lui a promis de la lui faire visiter. Malheureusement il a péri lors de la guerre mondiale, le "Martien" ne verra donc jamais la Terre.
- "2084" : Dans la peau d'une femme pendant la guerre mondiale de 2084.
- "One Small Step" : Un petit garçon qui regarde la tv en 1969 lors du premier pas sur la Lune (en fait Arjen lui-même à cette époque…).
- "The Shooting Company of Captain Frans B. Cocq" : la milice du capitaine hollandais Frans Banning Cocq, qui pose pour être peinte par Rembrandt (peinture de 1642).
- "Dragon on the Sea" : La reine Elizabeth Ière d'Angleterre, au moment de la bataille navale contre la flotte espagnole en 1588. L'Angleterre l'emporte sous le commandement de Francis Drake ("Le Dragon").
- "Temple of the Cat" : A propos de la civilisation Maya et sa mythologie, aux environs du VIIIe siècle de notre ère, visiblement durant quelque festivité.
- "Carried by the Wind" : Dans la peau d'un certain ménestrel aveugle du nom d'Ayreon… En référence à l'album "The Final Experiment" qui se déroule au cours du VIè siècle.
- "And the Druids Turn to Stone : en rapport avec les monuments de Stonehenge, manifestement créés entre 2000 et 2500 ans avant JC (Jésus Christ, pas Jacques Chirac…). L'hypothèse d'Arjen est que ce fut par un groupe de druides qui magiquement se sont transformés en pierres…
- "The First man on Earth" : Le titre est explicite, l'apparition du premier homo sapiens sur Terre (aux environs de 50 000 ans avant JC).
- "The Dream Sequencer Reprise" : instrumental de fin d'album, reprenant le thème musical de l'introduction.
J'aurais du choisir b)…

Bon ! Terminé avec les formalités, passons à la musique. Fans de heavy progressif, même si le précédent double album "Into the Electric Castle" pouvait parfois vous donner satisfaction, ne vous attardez pas ici, passez directement au suivant "Flight of the Migrator". En effet, sur "The Dream Sequencer", Arjen Lucassen nous déballe toute sa science en matière de rock-prog atmosphérique, à l'inverse de son double sus-cité qui est du pur heavy-prog. On n'y échappe pas, Arjen aime les claviers, et c'est pour ça que nous l'aimons, non ? Du clavier à foison, de la guitare claire et acoustique, et on est parti pour ce voyage onirique… et historique, mais promis je ne serais plus aussi barbant comme le cours d'histoire du début.

Les titres, selon la période et les événements auxquels ils font référence, ont chacun une ambiance parfaitement trouvée. Dans les deux premières "My House on Mars" et "2084", le chant de Floor Jansen, Johan Edlund et Lana Lane nous transmet très bien le désespoir, la mélancolie des personnages, cette tristesse immense de savoir que tout est fini, tout est perdu, l'humanité entière s'est décimée elle-même dans une guerre mondiale sans précédent. Sur "Temple of the Cat" ou "One Small Step", on retrouve des sentiments totalement différents, de la joie, de la légèreté, ainsi que les rêves qu'entraine le fait qu'un homme marche pour la première fois sur la Lune. De même sur "The First Man on Earth", on entend le sourire du chanteur (Neal Morse), et cette joie est soutenue par des chœurs enjoués et des petits coups de trompette qui se cachent dans le morceau, ainsi que par ce solo de guitare clair et aérien, le seul de l'album d'ailleurs, mais justement tout est mis dedans, superbe.

Si je parle très peu de musique mais surtout d'émotions et de ressenti, c'est tout simplement car le but de l'album est là. Le niveau technique n'est pas extraordinaire (sauf éventuellement sur le solo de "The First man on Earth"), tout ceci et autres artifices sont laissés pour l'album jumeau. Ici, ce qui prime, ce sont les ambiances et les émotions, amenés par une qualité de composition et d'interprétation sans failles. Des chanteurs qui, comme Damian Wilson, transforment une musique d'Arjen Lucassen en un chef d'œuvre d'Arjen Lucassen ("And the Druids Turns to Stone"). Qui savent nous transporter de leur voix cristalline ou puissante (Lana Lane, Floor Jansen). Mais aussi avec des mélodies délivrées par des claviers dont on oublie que ce ne sont que de simples rangées de boutons, tant les sons produits font voyager ("The Shooting Company…").

Arjen nous a offert avec ce "Dream Sequencer" son meilleur en matière de prog' atmosphérique, qui est, au final, difficile à décrire avec exactitude, car une telle musique ne peut que se ressentir, et chacun en aura une interprétation et une vision différente. Un magnifique voyage planant, qui remonte au fil de la vie des hommes… La suite elle, sur "Flight of the Migrator" reprend le même concept de la machine à voyager dans le temps et va plus loin, encore avant l'apparition des hommes, la création de l'Univers… Mais attention musicalement cela n'a rien à voir, et ne sera pas de tout repos…

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16/20.

2011-05-24 20:50:19